AHWK – Les amis du Hartmannswillerkopf

SOUVENIRS DE GUERRE

SOUVENIRS DE GUERRE

Steinbach 1914/1915

La Bataille de Steinbach, moins connue que celle du Hartmannswillerkopf, a duré du 25 décembre 1914 jusqu’au 4 janvier 1915. Son but était la conquête de Cernay. L’attaque passera par la cote 425 et le village de Steinbach, les deux se trouvant occupés par le 161e et le 69e R.I. allemand.

Le Général GUERRIER ? qui commande la 66e Division française, dispose du 152e et du 213e R.I. Le premier attaquera Steinbach, le 213e enlèvera la cote 425. Le 15e B.C.P. en flanc-garde sur la croupe de la chapelle Saint Antoine, soutiendra, le moment donné, le 152e R.I. dans ses efforts pour la conquête de Cernay.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, le 152e (Lieutenant-colonel Jacquemot) part de Thann pour s’engager sur les chemins forestiers en direction de l’Amselkopf et du Wolfskopf. La colonne de droite, comprenant la 2e et la 4e compagnie du bataillon Castella, se dirige par la Waldkapelle sur le Hirnlestein.
La colonne de gauche, à l’effectif de 7 compagnies, passe par Pastetenplatz pour s’arrêter sur la croupe de Schletzenburg. Trois compagnies restent en réserve à Thomannsplatz.

Le 25 décembre vers 14 heures, l’artillerie française, en batterie sur les hauteurs de Leimbach, entre en action. Le feu est peu efficace faute d’observation, les positions allemandes étant encore mal connues. L’artillerie allemande répond, aux coups sans faire de mal.

Steinbach – village détruit par les bombardements

L’attaque part à 16 heures. Les 2e et 4e compagnies (Castella) débouchent de la forêt du Hirnlestein, se déploient en tirailleurs, poussent dans les vergers. Un feu nourri de fusils et de mitrailleuses les oblige s’arrêter à quelque 200 mètres des premières maisons. A gauche, 2 compagnies qui descendent de Schletzenburg sont aussitôt arrêtées par le feu rasant des mitrailleuses qui battent le plateau d’Uffholtz complètement découvert. Il faudra attendre la nuit pour pouvoir approcher les lignes ennemies. A l’extrême droite, sur la cote 425, l’attaque du 213e piétine. Le feu de flanc d’un puissant ouvrage situé au nord de 425 interdit toute progression.

Ce premier jour de combat a révélé la force de l’adversaire qui occupe des positions fortement organisées, précédées de réseaux de barbelés, flanquées par des ouvrages dotés de mitrailleuses. Des tirailleurs allemands installés dans les maisons tirent à travers les fenêtres, les lucarnes, les soupiraux, par des trous pratiqués dans les murs. Le village, même avec la préparation d’une puissante artillerie, sera extrêmement dur enlever. Il faudra se résoudre à un siège en règle en progressant à petits pas, d’une tranchée, d’une maison à l’autre.

Le 26 décembre, le détachement Castella gagne encore du terrain. Sur la hauteur 425, le 213e aussi avance quelque peu sous le tir flanquant de l’ouvrage.

La lutte s’accentue durant la journée du 27 décembre. L’artillerie, cette fois, s’y met avec vigueur et avec plus de précision. Une batterie de montagne de 65, installée sur le plateau de Schletzenburg, tire à bout portant, démolit les maisons, fracasse toits et murs. Les rues se trouvent encombrées de tuiles cassées, de morceaux de bois brisés. Des incendies se déclarent. Des granges, des écuries flambent. Des vaches, des veaux lâchés en hâte, foncent à travers les rues et les vergers. Il y en a de tués. C’est un vacarme épouvantable. On entend les cris des soldats. Les habitants se sont réfugiés dans des caves plus ou moins solides à l’entrée du village.

L’attaque démarre vers 10 heures. La 4e compagnie du Capitaine Laroche s’empare d’une maison isolée située sur la rive droite de l’Erzenbach. La 1ere section se lance ensuite à la baïonnette, entraînée par le Lieutenant David. Blessé, celui-ci tombe, se relève, fait quelques pas et tombe à nouveau, mortellement frappé. Sa section, emportée par l’élan, bravant le feu ennemi, arrive jusqu’à 10 mètres devant un profond réseau de barbelés où elle se trouve arrêtée.

Sur sa droite, la 3e section avec un groupe du Génie en tête, fait quelques bonds. Elle se heurte à un grand grillage en fils d’acier contre lesquels les cisailles sont impuissantes. L’Adjudant Jacques et quelques hommes se mettent à grimper par dessus. Tous sont tués. Il est environ midi. Les deux compagnies Castella se maintiennent à quelque 30 mètres des lisières du village.

Le 152e a perdu en ce jour 22 tués. Le nombre des blessés est de 49.

Steinbach – rue principale en ruines

Le 27 décembre, la lutte s’accentue. Elle se porte surtout sur la cote 425. Les combats dans ce secteur sont d’une violence inouïe. Attaques alternant avec contre-attaques. Un détachement du 213e s’empare, dans un terrible corps à corps, d’une tranchée qu’elle va de nouveau perdre. Les pertes de part et d’autre sont sévères. La nuit apporte quelque répit, mais les tirs de harcèlement ne s’arrêtent pas et le canon tonne.

Le 28 décembre, le 152e consolide ses positions tout en marquant devant Steinbach et sur le plateau d’Uffholtz, une légère avance.
Le 28 décembre, le front d’attaque est renforcé. La 3e compagnie entre en ligne. L’attaque de 425 se poursuit, âpre et coûteuse, mais ne réussit pas.
Devant Steinbach, la section Vérine pousse encore plus en avant. Le Capitaine Spiess de la 2e compagnie est tué.
Le 29 décembre, le 152e mord de plus en plus dans les fortifications qui entourent Steinbach.

Le 30 décembre arrive. Guerrier pousse avec énergie vers une décision. De nouvelles batteries entrent en action. La population est enfin évacuée. Elle est dirigée sur Wittelsheim où elle trouve bon accueil. Durant toute la journée, aucun coup d’artillerie n’est tiré ni sur Steinbach ni sur Cernay. Cependant la fusillade ne démord pas. La 7e compagnie entraînée par le Capitaine Marchand force l’entrée du village, s’empare des premières maisons, fait vingt prisonniers, pousse dans la Grand-rue, mais se trouve arrêtée par une formidable barricade et par des ‘incendies. Elle se maintient sur place durant toute la nuit.

Le 31 décembre, les combats reprennent dès le matin. Maison par maison sont enlevées. La barricade est tournée. Nombre de prisonniers sont capturés. Mais l’adversaire résiste toujours sur une nouvelle ligne barricadée. A la tombée de la nuit un tiers du village se trouve aux mains du 152e.

La lutte se durcit de plus en plus. Des coups de feu partent encore des maisons. Le 1er janvier on se trouve à 50 mètres de l’ouvrage dont le tir de flanc est fort gênant. Le dernier acte du terrible drame se prépare.

Le 213e, soutenu par un détachement du 152e, parvient enfin à s’emparer du fameux ouvrage. Dès lors, l’attaque progresse assez vite. Ordre est donné de s’emparer de la partie Est du village en poussant de l’avant dans la rue principale. On arrive à la fontaine à 150 mètres de l’église.

Le 3 janvier apporte la victoire. L’attaque part à 12 h 30 sur toute la ligne. Les trois compagnies Castella enlèvent une tranchée, gagnent le cimetière, capturent une cinquantaine de prisonniers qui se sont réfugiés dans l’église. La résistance ennemie est brisée. Dans la rue principale la compagnie Toussaint atteint la sortie du village, pénètre dans l’usine, fait encore des prisonniers. Vers le soir les branches de la tenaille se sont refermées. Steinbach est entre les mains du 152e RI. Sur la hauteur 425, le 213e réussit déloger l’adversaire, à s’emparer de la cote 425 qui restera définitivement aux mains des Français.

Steinbach –intérieur de l’église

Les Allemands se maintiennent sur la pente plus en bas. A Steinbach, le gros du 161e RI a pu s’échapper en direction d’Uffholtz, sauf une compagnie qui, encerclée, a dû se rendre.

Une contre-attaque allemande lancée dans la journée du 5 janvier est repoussée avec des pertes sévères, une soixantaine de tués.
Cependant, une vive fusillade fort gênante part encore du plateau d’Uffholtz. La 7 compagnie du 152e reçoit l’ordre de déblayer le terrain. Partant de l’usine, elle grimpe à travers les vignes, prend la tranchée ennemie de flanc et à revers et en capture la garnison.

Sur ce plateau, les deux fronts se sont fixés aux environs de la chapelle Saint Morand.
Le 152e a perdu depuis le 25 décembre 154 tués dont les officiers David, Creusot et Bauer. Le nombre des blessés est de 220.
Un monument de marbre marque la tombe du Sergent Boucher, le frère du Capitaine Paul Boucher qui commandera au Vieil-Armand la 1ere compagnie.
Les premiers objectifs sont réalisés, mais Cernay ne pouvait pas être atteint.
Le 213e qui a beaucoup souffert et le 152e ne pouvant pas, à eux seuls, risquer un épuisant combat de rues à l’intérieur de la ville.
La bataille a pris fin, mais des obus de gros calibre ne cessent de tomber sur Steinbach, causant de fortes destructions. Bientôt il ne restera du village qu’un amas de ruines. L’église aussi a beaucoup souffert, l’intérieur se trouve dans un déplorable état.

Le 152e RI est cité le 27 janvier l’ordre de l’Armée
« A, sous Les ordres du chef Jacquemot, fait preuve d’une vaillance et d’une endurance au-dessus de tout éloge en conquérant le village de Steinbach après 10 jours de lutte héroïque de jour et de nuit, s’emparant une par une des maisons fortifiées, répétant les assauts au milieu des incendies, se mainte- nant sous un feu des plus violents dans les tranchées d’eau glacée, infligeant à l’ennemi de lourdes pertes et lui enlevant de nombreux prisonniers ».
Début mars le régiment quitte le front de Steinbach. Il vient cantonner à Willer et Bitschwiller. Il gagne, le 19 mars, le col du Silberloch d’où il partira à l’assaut du Hartmannswillerkopf.
A. Wirth
Source : Bulletin de liaison des AHWK No. 14 / Photos : AHWK

One Response

  1. Allègre dit :

    Mon grand père, Allègre Hypolithe Sylvestre. Matricule n° 2259 du 5ème BCP fut prisonnier à Huffolz le 23 janvier 1925. … Peut on retracer son parcours militaire d’avant et après avoir été prisonnier ?

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