PRISONNIERS DE GUERRE 14-18

Détachement d’Armée Des Vosges

Etat Major
Centre de Renseignements
De la vallée de la Thur.

Compte-rendu du renseignement N0. 108

De l’interrogatoire d’une série de prisonniers du 25ème et du 75ème Regt. d’infanterie, pris au HARTMANNSWILLERKOPF par les français.
Les 1er et 3ème Bat. du 25ème étaient au HARTMANNSWILLERKOPF. Le 2ème Bat. après avoir subi notre 1ère attaque du 23 ct., a été relevé par le 3ème Bat…. Il serait en réserve, probablement à Wuenheim.
Le combat du 25/26 aurait été livré par 20 Compagnies. A savoir :
8 compagnies ( 1er et 3ème ) du 25ème au front.
4 compagnies ( 3ème Bataillon ) du 75ème de Res. à leur droite
4 compagnies du 15ème Landweher à leur gauche 4 compagnies du 161ème Actif, plus à gauche
L’opération était commandée par le Brigade Kommandeur von STRANTZ commandant la 29ème Brigade. ( Q G Bollwiller ) Ce von Strantz serait le frère du Général von Strantz, commandant le détachement d’armés qui porte son nom.

Le poste de commandement était à Wuenheim, villa Haren.
Les prisonniers sont unanimes à dire que l’effet de notre artillerie fut terrifiant (schrecklich ) ; nos 220 m/m auraient fait des trous de 6 mètres de diamètre sur 2 mètres de profondeur. Les travaux de défense de l’ Hartmannswillerkopf seraient en grande partie détruits. Interrogés sur la composition des troupes de la région, Lauch, Guebwiller, Soultz, Uffholtz, la situation actuelle serait la suivante. A Linthal se trouverait encore le 8ème Bt. de Chasseur de Rés. A Lautenbach, 2 compagnies de Landsturm. Du versant Sudel (région Rimbach ) en contournant les montagnes jusqu’à Uffholtz, la position des troupes serait comme suite :
Le 2ème Bat. Du 31ème (Regt. Von Weber). Le 75ème Regt.de Rés. (en entier maintenant) Le 25ème Regt Actif. 1 Section du 14ème Pionniers. 4 Compagnies du 15ème Regt. Landwehr. 2 Bat. Du 161ème Actif (1 Bat. Serait zur Erhohlung) 1 Section du 14ème Pionniers. Le 121ème Regt. Landwehr Wurtembergeois. 2 Compagnies de Landsturm.

Le 27 Mars 1915

Quelques Escadrons de cavaliers (Uhlans), seraient à présent dans la région Uffholtz-Cernay, ou ils sont occupés à faire des tranchées au S-E de Cernay. D’après certains prisonniers, ils auraient encore vu, tout récemment des éléments du 14ème Bat. de Chasseurs ; selon d’autres, ce Bataillon serait encore dans les Vosges mais pas dans la région. Pourtant, plusieurs prisonniers portaient des casquettes à galons verts, provenant du 14ème Bat. de Chasseurs. Interrogé sur la provenance de ces casquettes, les hommes ont déclaré les avoir trouvés dans les tranchées du Hartmannswillerkopf. Ce détail prouverait que ce bataillon était encore à cette position récemment. Par contre le Régiment de von Weber serait dissout, et ce renseignement est confirmé par plusieurs prisonniers du 75ème.

Interrogés individuellement. En effet le Major von Weber commandait à nouveau depuis 3 jours environ, le 3ème
Bataillon du 75ème Regt. De Réserve qu’il commandait jadis alors que ce régiment était en Belgique.
Il avait été détaché de son bataillon, pour former le Kombiniertes Régiment von Weber.
Il fut remplacé à son Bataillon par le Haupt. Eggers. Celui-ci aurait pour prendre quelque temps de repos, et ce serait effectivement le Major von Weber qui aurait repris le commandement de son ancien Bataillon.
Les prisonniers croient savoir que le Bataillon du 84ème est encore dans la Fecht.
Quant au Bataillon du 89ème celui-ci aurait disparu de la région ?
Le 75ème Regt. de Res. est commandé par l’Oberst Lieut. Riggert.
Le 75ème Regt. A quitté pour la derniere fois la région de Cernay ( Uffholtz même) vers le 4 Mars pour Guebwiller ou il cantonna. Le 5 ou 6 Mars le 3ème Bataillon fut embarqué à Bollwiller, et fut dirigé sur Wahlbach. De la à pied pour Munster, ou il y eu une halte jusqu’à la nuit. Ils se rendirent alors au Reichackerkopf. 2 Compagnies dans les tranchées, et 2 Compagnies au repos, tantôt à Eckersberg, tantôt à Breitenbach.

Alternativement, le bataillon a occupé cette position pendant une 15aine. De jours. Le 22….. , le bataillon fut de nouveau embarqué à Wahlbach destination Soultz ou il cantonna 1 jour, puis il participa aux opérations du Hartmannswillerkopf.
Deux Bataillons du 25ème Regt. Actif (1er et 2ème) étaient vers le début de Mars en entier dans la Fecht. Ils s’y rendirent à pied, par la Lauch, le Schnepfenried. Les troupes cantonnèrent à Sondernach, Metzeral, Muhlbach et Breitenbach. Il ne restèrent que peu de jours dans la Fecht, et revinrent bientôt dans la région du Hartmannswillerkopf.
D’après un officier et un soldat Lorrain (tous deux du 25ème) le 3ème Bat. du 25ème est parti le 28 février de Mulhouse pour HENNING (près de Saarbourg). De là ils se rendirent à Cirey, où ils étaient en réserve durant les opérations qui eurent lieu à ce moment dans la région. Ils revinrent à Bollwiller le 6 Mars. Le 7, le 3ème Bataillon se rendit également dans la Fecht, et prit part aux combats du 10 et du 11 ct.
Le 12, repos à Metzeral. Le 13, ils ont fait des tranchées à Muhlbach et le 14, dans la nuit, ils furent embarqués à Wahlbach, jusqu’au 18 ct. à l’école des filles. Dans la
nuit du 18 au 19, ils se rendirent au Hartmannswillerkopf ( 2 compagnies dans les tranchées, et 2 compagnies dans les Blockhäuser ) Un des prisonniers lorrains, le nommé Deville, prétend qu’il a entendu dire que le 110ème Landwehr (sans doute 1 bataillon) a du arriver hier en renfort dans la région Hartmannswillerkopf ?

ARTILLERIE

Quelques prisonniers Alsaciens-Lorrains nous ont dit que plusieurs batteries d’obusiers de 150 m/m seraient dans la forêt au Nord Est de Staffelfelden dans le triangle formé par les cotes 255,4-258,2 et 262 (carte au 25/1000ème.)

RENSEIGNEMENTS GENERAUX

Un des officiers faits prisonniers, fut détaché du 55ème Regt. Actif se trouvant actuellement dans la région de Soissons (Armée du Prince Ruprecht von Bayern) ; un autre du 7ème Train des Equipages ; l’autre appartenait au 25ème Tous trois sont officiers de réserve.
Le Lieutenant Fritz Walbaum, qui fut Kompagnieführer déclara que l’objectif des allemands était de s’accaparer des plus riches provinces françaises, le cœur de l’industrie française et que cette industrie a été détruite par eux. En Belgique, toute l’industrie est encore entre leurs mains, et les allemands sont entrain de la faire fructifier.
D’après eux, la réserve d’or est actuellement plus forte en Allemagne qu’en France. L’Allemagne peut soutenir la guerre, elle durera ce qu’elle voudra. D’après eux pourtant, il se produira sous peu de si grands évènements en leur faveur, que la paix sera imposée aux Alliés entre Pâques et Pentecôte. Au dire de la majeure partie des prisonniers, le Landsturm instruit a été appelé dans toute l’Allemagne jusqu’à 45 ans. Le Landsturm non instruit est appelé presque partout jusqu’à 32 ans. Dans les régions frontières
il a été appelé jusqu’à 45 ans.
Les prisonniers disent que depuis 15 jours on leur annonce qu’une nouvelle division allait arriver dans la région pour les relever.



Ils se plaignent de l’inefficacité de leur artillerie et de l’inhabilité de leurs artilleurs, qui n’arrivent pas à découvrir nos batteries. L’ordre serait de se tenir momentanément sur la défensive, mais de conserver coûte que coûte les positions acquises. Les munitions ne seraient pas très abondantes.
Les hommes du Landsturm (ArbeiterKolonne) ne travailleraient plus à la route de l’Hartmannswillerkopf ni au funiculaire, par contre, ils seraient occupés à faire des tranchées et des travaux de défense importants entre Jungholtz-Rimbach-Zell. Le 75ème de Res. aurait été complété dernièrement par des hommes de l’Ersatz Bat. Du 76ème Reg. Inf. (ce régiment serait dans le nord de la France).
La nourriture en montagne se compose surtout de café matin et soir ; dans la journée, à l’heure permise par les évènements du pain et du lard. La majorité des prisonniers sont contents d’être pris certains d’entre eux croyaient ferme qu’on allait tous les fusiller, quelques uns ont pleuré et ont supplié qu’on ne les tue pas ! Sur l’assurance que je leur ai donné qu’il ne leur arriverait rien, ils ont avoué que leurs officiers et sous-officiers leur disent journellement : surtout ne vous faites pas prendre vivants, les français fusillent tous leurs prisonniers ! Le moral des hommes de troupes baisse de plus en plus, ils disent qu’il y en a assez de cette guerre de tranchées. Ils savent et reconnaissent les gros succès remportés par les russes à Przemysl. Beaucoup paraissent soucieux du résultat final.

REGION DE LA FECHT

ARTILLERIE

Un agent nous indique qu’une batterie lourde ennemie se trouve à la cote 804, (au S. O. du Honnack cote 976) endroit marqué entre « Wasen sur la carte 50/1000. V.C. »

VALLEE DE LA WEISS

L’ennemi exécute actuellement de gros travaux de défense dans la région des Basses Huttes à Orbey. Les réseaux de fil de fer ont été sensiblement élargis.
L’interprète, chef du centre de Renseignements de la vallée de la Thur.

Signé : J. Beha


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