La croix Zimmerman

LA CROIX ZIMMERMANN

E. Werner

Située en bordure de la route du Col Amic (anciennement Holzweg), au pied de l’arête Est du Hartfelsen, l’amorce du chemin forestier du Freundstein, elle fut érigée en 1866 par le famille Zimmermann de Wuenheim, en mémoire d’un accident mortel survenu à un membre de la famille, le 23 décembre 1865, comme l’atteste l’inscription suivante du socle :

VON 40 TAGEN FUR DIE WELCHE VOR DIESEM KREUZ 5 VATERUNSER 5 AVE -MARIE UND DEN GLAUBEN BETEN VORÜBERGEHENDE GEDENKT AUCH IN BUREN GEBET DES HIER AM 23. CHRSTMONAT 1865 VERUNGLÜCKTE
JOSEPH ZIMMERMANN

Joseph et son frère charroyaient du bois de chauffage sur un char à ridelles (Leiterwagen) tiré par deux bœufs – convoi dont se souviennent encore bien les vieux villageois – Dans le but de réaliser en une seule fois le transport des 4 stères formant la corde (Klofter) et également pour mieux équilibrer le chargement, ils avaient, comme il était d’usage, formé un « Büch », c’est-à- dire un fardeau de bûches, arrimées par de forte chaînes sous les ridelles, formant ainsi un « ventre » qui pendait jusqu’à quelques centimètres du sol. Joseph, chargé de la manœuvre du frein avant, la « Mekanik », cheminait gauche du convoi et fit une chute. Écrasé et traîné par le « Büch », il fut affreusement blessé au ventre et succomba le jour de Noël dans d’atroces souffrances.

Le mémorial se trouve sur le ban communal de Soultz et pour obtenir l’autorisation de son érection la famille Zimmermann dut, au préalable, acquérir par acte notarié 4 m2 de terrain.
A noter qu’en 1942, l’image du Christ fut abattue et brisée par des mains sacrilèges. Pendant ces années de guerre, souvent les habitants de la vallée de St Amarin franchissaient le Col Amic, alors simplement dénommé « Kohlschlag » pour se rendre en pèlerinage à Thierenbach. Ainsi en 1945, des pèlerins de Moosch prirent l’initiative de faire réparer le calvaire, opération effectuée par le sculpteur Kreider de Soultz et financée par la famille Zimmermann.

Pour en revenir au sort tragique de l’accidenté, précisons qu’il avait participé sous Napoléon III à la guerre de Crimée, avait eu, au cours des combats à Sébastopol son cheval tué, et lui-même grièvement blessé fut décoré de la médaille militaire.
On sait que, pendant la guerre 1914-18, le front s’étant stabilisé à quelque 500 mètres en amont de la Croix Zimmermann, les Allemands y construisirent de nombreux ouvrages, dont certains sont encore relativement bien conservés. En face du calvaire, entre le chemin et le Kaltenbach, se trouvait un petit cimetière de guerre aujourd’hui disparu.
Signalons enfin que sur les cartes d’état-major françaises en 1914, on trouve la dénomination « Croix du Charpentier » traduction du nom Zimmermann. Sans doute que le traducteur ignorait qu’il s’agissait d’un nom de famille dont la traduction ne s’imposait pas.
Le carrefour de la croix Zimmermann offre un agréable parking et peut constituer le point de départ de belles promenades ou randonnées :
– l’abri Baratin, la Chapelle Sicurani, le Hartfelsen,
– le Freundstein, le Kohlschlag par le vallon du Guttenbach (Bonnegoutte) ou par celui du Kaltenbach, l’Hartmann par le versant nord ou le Sudel pour les bons marcheurs.

Source : Bulletin de Liaison AHWK no. 17

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